Michael Bechler

3 avril 2016

Parler de son échec, une thérapie ?

Je n’ai pas beaucoup pris la parole ces derniers temps, même si je sais bien que je ne vous ai pas tant manqué que ça, et puis certains aimeraient bien que ça continu, mais bon, ceux qui me connaissent savent que j’ai besoin d’évacuer un inconcevable surplus de jus de cerveau. Ce dernier n’est pas forcément à chaque fois des plus pertinent, j’en conviens. Trois ans c’est à la fois long et pourtant si peu. Réfléchir, se poser, écouter, il faudrait surement une vie entière de silence pour avoir des choses utiles à raconter. Combien de fois, quand vous retombez sur de vieilles vidéos, de vieux textes que vous avez écris vous vous dites : « pfff, mais si tu savais mon gars, comme t’es à côté de la plaque… » C’est souvent ce que je me dis en ressortant des trucs que j’ai pu faire, dire ou écrire. Mais parfois, heureusement tu es fier d’un truc, un petit truc que tu as dis ou fait, sans forcément t’en rendre compte sur le coup.

Parler de son échec, une thérapie ?

J’ai récemment assisté à un #failcamp à Montréal (j’y reviendrais), vous savez, ces évènement où des entrepreneurs, des créateurs, des politiciens, voire même des gens ordinaires se retrouvent sur scène pour raconter leurs échecs. Je remarque que c’est devenu assez à la mode de parler d’échec, surement pour mieux l’exorciser. Certains parlent d’échec pour mieux parler de leur réussite et de leur renaissance. Moi-même j’ai eu l’occasion de m’essayer à ce dur exercice, et je dois vous avouer que ça m’a fais du bien, même si je croyais à ce moment-là (à tord) en avoir tiré toutes les leçons.

Quelque soit le motif pour lequel on s’astreint à cet exercice, je pense que ça nous fait du bien, et ça doit même faire du bien à ceux qui nous écoutent. Mais il ne faut jamais oublié, qu’en fait il n’y a pas vraiment d’échec, puisque ce dernier n’est qu’une étape d’un processus d’affinage. J’ai souvent en mémoire l’exemple que m’avait donné celui que je considère comme mon mentor, malheureusement disparu depuis quelques années. Il parlait de la roue de l’ « incompétence ».

La roue de l’incompétence…

roue_incompetenceII: Inconsciemment Incompétent: on ne sait pas qu’on est incompétent pour conduire une voiture, tant qu’on a pas été derrière un volant.

CI: Consciemment Incompétent: on devient vite conscient de son incompétence quand on prend le volant pour la première fois.

CC: Consciemment Compétent: Après quelques séances, on devient compétent pour conduire une voiture, et on en est conscient.

IC: Inconsciemment Compétent: Après quelques années de conduite on ne fait même plus attention au fait que nous avons conduire une voiture.

Mais, et c’est là souvent que l’on s’arrête, c’est qu’on oublie qu’à ce stade nous redevenons à nouveau Inconsciemment Incompétent. tant qu’on s’est pas retrouvé sur une plaque de verglas ou dans des conditions extrêmes, on n’est pas conscient de cette nouvelle incompétence… Il est donc impératif de toujours se remettre en question, écouter, prendre le temps, confronter ces certitudes, les transformer en hypothèses à vérifier.

Quand je faisais mon Tedx sur le Pouvoir de l’échec, j’étais persuadé d’être plus lucide, plus réceptif, plus à l’écoute, de moi-même et des autres. Et c’était vrai, mais pas assez pour ne pas refaire des erreurs basées sur des certitudes hypothétiques. Et c’est très bien comme ça d’ailleurs, la perfection n’existe pas, nous faisons partie d’un immense processus d’apprentissage, à la fois individuel et collectif. Les générations qui arrivent vont d’ailleurs être confronté à un défi gigantesque: jamais autant de savoir n’aura été aussi rapidement accessible et disponible… mais qu’en faire ! L’Homme est-il seulement prêt à apprendre de ses erreurs ?

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