Michael Bechler

2 décembre 2025

Sommes-nous passé de l’économie de l’attention à l’économie de la synthétisation ?

« Arrêtez de perdre du temps à lire… contentez-vous d’une synthèse faite par une machine ! » Pourquoi s’évertuer encore à écouter une conversation alors qu’il est devenu si simple de la transcrire et de la faire résumer par une IA ?

On nous a gavé de contenus ultra-courts (shorts, réels, stories…) et maintenant on tend à tout synthétiser. Sam Altman et Jony Ive rêvent même nous inventer le « device ultime » qu’on va porter et qui s’occupera de résumer notre vie …

Voir « A letter from Sam & Jony » résumé ainsi par ChatGPT : « OpenAI annonce l’intégration de l’équipe de Jony Ive (io / LoveFrom) au sein d’OpenAI. Cette collaboration vise à unir design, hardware et intelligence artificielle pour créer une nouvelle génération de produits, avec une ambition forte : rendre l’IA plus humaine, intuitive et inspirante. »

Mais qui va décider de ce qui est important, dans notre quotidien, dans une conversation, dans un échange ? Qui va capter les nuances dans la voix, dans l’intonation… qui va noter les subtilités, les pointes d’humour ou les remarques sarcastiques ? Va-t-on lisser tous les échanges entre humains, en veillant à effacer toutes les aspérités qui pourraient « offusquer » le lecteur ?

Devrais-je me contenter d’une synthèse des podcasts, comme le très bon Silicon Carne de Carlos Diaz ? Mais du coup je n’aurais plus l’occasion de lever les yeux aux ciel quand il nous remet une couche sur Mistral AI 😜 ou qu’il compare le Chiffre d’Affaire d’Amazon et celui d’OVHcloud en sous-entendant que « c’est peine perdue d’essayer de se battre contre l’hégémonie américaine 🇺🇸 » .

L’IA nous donne effectivement la possibilité de gagner du temps sur des tâches redondantes et rébarbatives, mais nous en contenterons-nous, ou serons-nous amenés à tout trouver rébarbatif au risque de confier le moindre de nos échanges à des machines pour nous en extraire le principal ? 

Bref, passera-t-on de l’économie de l’attention à l’économie de la synthétisation ?

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